Ukraine : ce que l'on sait de l'attaque de drones russes qui a ciblé Kiev la nuit dernière

L'armée de l'air ukrainienne a affirmé ce matin avoir abattu 71 drones explosifs - des "Shahed" de fabrication iranienne - lancés par la Russie dans la nuit de vendredi à samedi. "La plupart d'entre eux ont été détruits dans la région de Kiev", a-t-elle indiqué, alors que l'alerte aérienne a duré six heures dans la capitale ukrainienne.

"L'ennemi continue à semer la terreur", a regretté son maire, Vitali Klitschko.

• Cinq blessés dont un enfant

Selon les autorités locales, il s'agit de l'attaque de drones russes "la plus massive depuis le début de l'invasion" du pays en février 2022. Cinq personnes, dont un enfant de 11 ans, ont été blessées au cours de cette frappe.

• Plusieurs incendies et coupures de courant

S'il n'y a à l'heure actuelle aucun décès à déplorer, l'attaque a endommagé certains bâtiments et causé plusieurs incendies dans certaines zones de la ville en raison de la chute de débris des engins.

Les secours ont ainsi tenté d'extraire deux femmes des décombres d'un immeuble d'habitation dans le district de Solomyansky. "Toutes deux ont reçu de l'aide médicale sur place", a précisé Vitali Klitschko sur Telegram. Un jardin d'enfants a également été touché par les flammes dans ce quartier et d'autres débris sont tombés sur le district de Pechersky.

Après la rupture d'"une ligne d'alimentation électrique", selon le ministère ukrainien de l'Energie Herman Halouchtchenko, des coupures de courant à grande échelle sont par ailleurs survenues. Une augmentation des attaques aériennes est justement redoutée par Kiev, alors que les températures sont tombées en dessous de zéro à Kiev.

"En conséquence, 77 immeubles résidentiels et 120 bâtiments dans la partie centrale de la ville sont privés d'électricité", a détaillé le ministère, assurant que des travaux de réparation étaient en cours.

Une situation qui affecte également la région de Dnipropetrovsk, où l'armée ukrainienne a affirmé qu'un missile russe avait été détruit, bien que Kiev soit la "cible principale".

• Une attaque lors des commémorations de la famine

En Ukraine, on estime que la date choisie par Moscou pour mener cette opération est "symbolique", ce bombardement intervenant le jour la commémoration de l'Holodomor dans le pays. Une famine qui a décimé les campagnes ukrainiennes il y a 90 ans.

Le pays avait perdu quatre à huit millions d'habitants entre 1932 et 1933, sur fond de collectivisation des terres, orchestrée selon des historiens par Joseph Staline pour réprimer les velléités nationalistes et indépendantistes de l'ancienne république soviétique.

"En tirant plus de 70 drones sur l'Ukraine pendant la nuit, à la veille de la journée de commémoration du génocide de l'Holodomor, Moscou assume indirectement la responsabilité de cet odieux crime passé qui a fait mourir de faim des millions d'Ukrainiens. Pour eux, il s'agissait de tuer des Ukrainiens à l'époque et c'est encore le cas aujourd'hui", a réagi Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères sur X.

"Plus de 70 Shahed pendant la nuit de la commémoration de l'Holodomor. Les dirigeants russes sont fiers de leur capacité à tuer", a encore ajouté le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a ensuite jugé "impossible d'oublier, de comprendre et surtout de pardonner les horribles crimes de génocide que les Ukrainiens ont endurés au XXe siècle" lors de l'Holodomor, remerciant au passage les pays qui ont officiellement reconnu cette famine comme un "crime délibéré" de génocide.

Mi-octobre, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait qualifié cette famine de génocide, suivant les pas du Parlement européen un an plus tôt. Mais cette qualification est strictement refusée par Moscou, qui estime que les grandes famines des années 1930 n'avaient pas uniquement fait des victimes ukrainiennes, mais également des Russes ou encore des Kazakhes.

· La France condamne l'attaque

En début d'après-midi, la France a réagi en dénonçant les événements de la nuit dernière par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

"La France condamne avec la plus grande fermeté l'attaque aérienne lancée ce 25 novembre, jour de la commémoration de l'Holodomor, qui a vu l'Union soviétique chercher à dessein l'extermination du peuple ukrainien par une famine organisée, qui confirme le cynisme et la violence sans bornes de la Russie", a écrit la ministre dans un communiqué.

Certifiant que cette frappe s'agissait bien de "la plus importante attaque aérienne déclenchée par la Russie depuis le début de son agression" sur l'Ukraine, elle a également rappelé que la patrie de Vladimir Poutine "viol[ait] les règles les plus fondamentales du droit international".

"Ces attaques ciblant à dessein la population et les infrastructures civiles de l'Ukraine constituent des crimes de guerre dont la Russie devra rendre compte", poursuit le Quai d'Orsay, dans une volonté de continuer à "se tenir aux côtés de l'Ukraine, de manière déterminée et aussi longtemps qu'il le faudra".

Article original publié sur BFMTV.com