Vœux de Macron 2023 : climatologues et écologistes en colère après cette phrase sur la crise climatique

En énumérant la liste des choses difficiles à prévoir en 2022, Emmanuel Macron s’est mis à dos plusieurs élues écologistes, mais surtout des contributeurs du GIEC.

CLIMAT - Une tournure qui ne passe clairement pas. Comme chaque année, le président de la République a réalisé présenté ses traditionnels vœux aux Françaises et aux Français, ce samedi 31 décembre. Sauf qu’en revenant sur l’année écoulée, Emmanuel Macron s’est attiré les foudres des défenseurs de l’environnement avec une phrase plus que maladroite.

« Je repense aux vœux que je vous présentais à la même heure il y a un an […]. Qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? », s’est notamment demandé le chef de l’État, évoquant alors « d’inimaginables défis » à surmonter après la pandémie, de la guerre en Ukraine à la crise énergétique, en passant par le retour de la menace nucléaire, comme vous pouvez le revoir ci-dessous.

   

Les contributeurs du GIEC en première ligne

Pourtant, cette formule d’Emmanuel Macron n’a pas été du goût de tout le monde après la crise climatique traversée par la France cette année, en particulier pendant l’été. Dans les heures qui ont suivi sa prise de parole, plusieurs personnalités politiques et scientifiques ont tenu à rappeler au président français que les effets du réchauffement climatique étaient clairement prévisibles… depuis longtemps.

Côté scientifique, la phrase d’Emmanuel Macron a été très mal reçue, comme en atteste le tweet de Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe nᵒ1 du GIEC depuis 2015 et par ailleurs paléoclimatologue. Celle qui est intervenue devant les ministres du gouvernement Borne à la rentrée pour les sensibiliser à la crise climatique s’est contentée de repartager la phrase du président : « Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été en France ? ». Le tout accompagné d’une compilation de tweets datant de mai 2022.

Une série de tweets qui reprend « les points clés des 3 volumes des rapports du GIEC de 2021-2022 », lorsqu’elle les avait présentés en personne à Emmanuel Macron, à cette même période, comme en atteste le tweet ci-dessous.

Réaction moins subtile pour Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au CNRS, qui a collaboré en tant qu’auteur principal sur le 6e rapport du GIEC.

« - Allô Jupiter, ici la Terre : il fait 22 °C à 22 heures, un 1er janvier 2023 en, je répète : 22 °C à 22 heures, un 1er janvier ! Et ça dure !
- Qui aurait pu prédire la nouvelle crise climatique chez vous ?
- Le
#GIEC avait prévenu depuis 30 ans. Vous n’avez pas reçu leurs derniers rapports, le 6e ? », a réagi le scientifique français sous la forme d’un dialogue.

Une carte accompagne son tweet pour montrer les températures particulièrement douces du 1er janvier 2023 au soir. Preuve qu’il n’y a pas que les chaleurs exceptionnelles de l’été 2022 qui devraient inquiéter Emmanuel Macron pour Christophe Cassou, qui rappelle ainsi les nombreux appels du GIEC depuis « 30 ans ». Il faut dire que les effets dévastateurs du réchauffement climatique sont désormais clairement visibles en France, comme nous vous le rappelions dans la vidéo ci-dessous.

Les Verts tombent de leur chaise

Sénatrice écologiste des Français de l’étranger, Mélanie Vogel s’est également emportée après la formulation du président. Et pour elle, comme pour les scientifiques du GIEC, la question d’Emmanuel Macron a une réponse claire : le GIEC.

« C’est extrêmement grave », a-t-elle réagi sur Twitter avant de répondre ironiquement à la question du président de la République : « Mais oui, qui ? À part n’importe quelle personne s’étant informée sur les rapports du GIEC ? »

Marine Tondelier, la nouvelle secrétaire nationale du parti Europe Écologie-Les Verts, ajoute sur Europe 1 que le discours d’Emmanuel Macron était « très vague et très flou » jusqu’à « la liste des choses qui se passent en ce moment et que l’on n’a pas pu prévoir ». Marine Tondelier dit alors être « tombée de [s]a chaise ».

« Évidemment personne ne l’avait prévenu » , ni les « rapports du Giec », ni « le consensus scientifique » ou encore la « condamnation de la France pour inaction climatique », ironise la nouvelle patronne du parti écologiste.

Sandrine Rousseau, d’une manière plus discrète, s’est également émue de cette parole présidentielle. Pas de déclaration directe : l’élue de Paris a repartagé un tweet contenant l’extrait de la déclaration d’Emmanuel Macron, accompagné d’un message clair : « Non, vous ne rêvez pas, Macron a vraiment dit ça hier soir ».

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