Vaccins et pass sanitaire: Macron lance la riposte sur TikTok (sans viser les plus virulents)

POLITIQUE - La “Foire aux questions” du président Macron. Le chef de l’État s’est invité, ce lundi 2 août, sur les téléphones des utilisateurs d’Instagram et de TikTok pour les enjoindre à lui envoyer leurs différentes interrogations sur la vaccination. En quelques heures, sa vidéo a été vue plus de 3 millions de fois et a suscité de -très- nombreuses questions, au-delà de provoquer d’inévitables débats sur la marque du t-shirt présidentiel.

Le but? Répondre aux “fausses rumeurs”, au “n’importe quoi”, qui circulent sur les réseaux sociaux, selon les mots du locataire de l’Élysée. Une façon de toucher les jeunes, particulièrement actifs sur ces plateformes, mais également de répondre à la mobilisation des anti-pass sanitaire qui manifestaient encore, deux jours plus tôt, dans plus de 150 villes du pays.

Car si Emmanuel Macron n’a pas eu un mot pour ces Français anti-vaccins, sceptiques ou soucieux des libertés, sa vidéo, et la séquence qu’il veut incarner s’adresse également à eux. À une partie en tout cas, car les plus virulents d’entre eux, motivés par une forme de colère -de haine parfois- à son égard, ne semblent pas être la priorité.

“Pas besoin de convaincre ces 10% de Français qui manifestent”

C’est en tout cas ce que l’on comprend à travers les différentes prises de parole chez les marcheurs. Depuis les manifestations de samedi, qui ont rassemblé 200.000 personnes à travers le territoire, un chiffre en hausse pour la troisième semaine de suite, l’exécutif et la majorité sont à la recherche d’une ligne de crête, entre pédagogie à destination de certains, et marginalisation pour les autres.

“Il faut faire la différence entre les fâchés aux slogans fâcheux et les inquiets sincères”, résume ainsi le chef des députés MoDem Patrick Mignola dans les colonnes du Figaro, quand son collègue LREM de l’Hérault, Patrick Vignal, confirme: “On n’a pas besoin de convaincre ces 10% de Français qui manifestent pour avoir l’immunité collective. Mais en les braquant, on risque une fracture politique.”

En clair: la macronie veut parler à ceux qu’il est encore possible de convaincre, sans s’attarder sur les plus réticents aux slogans, parfois, outranciers. Dans cet esprit, Clément Beaune estime qu’“il ne faut pas donner une importance excessive à une minorité violente.” Mais au contraire, le secrétaire d’État aux Affaires européennes a reconnu, ce lundi sur RFI, “des angoisses sur le vaccin lui-même, sur la façon dont va se passer la rentrée scolaire, se dérouler la mise en place du pass sanitaire”. ”Ça, nous devons l’expliquer”, a-t-il sommé.

Macron dégaine son costume d’influenceur

Et c’est donc Emmanuel Macron qui s’y colle, en t-shirt et sur Tiktok et Instagram. Après Gabriel Attal sur les plages, ou Olivier Véran et Jean Castex dans les hôpitaux, le président de la République s’apprête à prêcher la bonne parole sur les réseaux sociaux. Dans sa première réponse, il est revenu sur la nécessité de la vaccination des jeunes, contre le covid long, et pour éviter de contaminer les autres et sa famille.

Dans la deuxième, il est revenu sur l’efficacité des vaccins homologués par des autorités indépendantes partout dans le monde. “Les analyses qui ont été faites montrent que 85% des gens qui sont hospitalisés ne sont pas vaccinés. Le vaccin sauve des vies, le virus tue, c’est simple”.

Avant cela, son annonce avait suscité les critiques immédiates des opposants politiques les plus rétifs au pass sanitaire ou virulents dans leurs critiques. “A-t-on un président de la République ou un commercial des labos?”, a par exemple sifflé l’eurodéputé RN Gilbert Collard sur Twitter quand Florian Philippot, l’ancien bras droit de Marine Le Pen, désormais pourfendeur de la “coronafolie”, ajoutait: “Un président devenu influenceur, en t-shirt, qui joue au VRP vaccinal pour Pfizer. Peut-on tomber plus bas?”

Il n’empêche, l’initiative du président de la République, qui n’en est pas à son coup d’essai sur TikTok ou dans la sphère des influenceurs, est, semble-t-il, bien accueillie auprès de la cible qu’il entendait toucher: les jeunes qui, malgré le regain récent, sont toujours relativement peu vaccinés à l’échelle de la population (46% pour les 18-29 ans).

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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