Voyager seule à 55 ans a été une épreuve douloureuse, mais je suis prête à repartir !

Voyage Asie
Sofie Perrin Voyage Asie

Sofie Perrin

J’ai eu l’occasion d’aller dans un camp d’éléphants malades et j’ai été prise d’empathie et de chagrin. Comment gérer ça toute seule quand on ressent une telle souffrance ? Comment peuvent-ils pardonner à l’être humain quand ils les considéraient comme des machines à travailler et de les faire obéir par la force ?

VOYAGES - A 55 ans j’avais l’impression d’avoir bien préparé mon voyage de 80 jours en Asie. Itinéraire, activités, déplacements internes mais je n’avais pas conscience qu’il fallait aussi préparer mon état d’esprit.

Partir seule pour se retrouver

Pour cette aventure en sac à dos, j’avais une grande confiance en moi et je partais seule pour plusieurs raisons. Auparavant, je partais accompagnée d’une amie et les retours étaient très compliqués. Nous ne partions jamais plus de 25 jours et je voulais prendre le temps cette fois-ci. Ma hantise était aussi de ne pas parler vraiment l’anglais mais mes amis m’avaient prouvé que je pouvais me débrouiller seule.

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Je voulais me retrouver avec moi-même pour mieux me connaître même si à 55 ans, on pense tout savoir.

Le 24 février 2019 me voilà devant le gros avion avec la trouille au ventre. Est-ce que je vais y arriver ? Qu’est ce qui m’attend là-bas ? En tout cas me voilà à Bangkok avec ma trouille et mon sac à dos. Ma peur est vite passée dès que j’ai mis en pratique toute ma préparation.

Un long périple

La première semaine, j’étais sous le charme et très excitée parce que je n’avais aucun problème pour me faire comprendre ni pour me déplacer. Les Thaïlandais ont la réputation d’être toujours souriants, n’aimant pas non plus les conflits.

Je me faisais comprendre avec beaucoup de gestes et avec un carnet rempli de petits dessins pour trouver des toilettes, des gares, etc. Pour négocier les prix, j’avais une petite calculatrice. Chaque pays a des codes qui ne sont pas les nôtres et ne parlant pas leur langue, il fallait vraiment être dans l’observation.

À la moitié du voyage, j’hésite même à revenir en France.

Au bout de la troisième semaine, je commence à ressentir que la solitude m’envahit. Malgré ma débrouille, je n’arrive pas à avoir de conversations parce que malgré tout, j’avais un besoin de partager ce que je voyais. J’ai eu l’occasion d’aller dans un camp d’éléphants malades et j’ai été prise d’empathie et de chagrin. Comment gérer ça toute seule quand on ressent une telle souffrance ? Comment peuvent-ils pardonner à l’être humain quand ils les considéraient comme des machines à travailler et de les faire obéir par la force ?

Pour la suite du voyage, je me réveillais très tôt le matin parce qu’il faisait moins chaud et je parcourais des kilomètres à pied. J’ai pu comme cela m’arrêter devant des habitations pour regarder les habitants jardiner, s’occuper de leurs maisons, de leurs anciens et de leurs enfants.

J’ai aussi pris beaucoup de bus et j’ai même fait du stop parce que les chauffeurs ne comprenaient pas toujours où je voulais aller et me déposaient au milieu de la campagne. De vivre tout ça seule me fatiguait énormément. À la moitié du voyage, j’hésite même à revenir en France. Je pleurais souvent et je comprenais que mon mental en prenait un coup. Même si la technologie me permettait de communiquer avec la France, je refusais d’inquiéter mes proches et je pensais que pour eux, j’avais vraiment une chance incroyable d’être au bout du monde. Leur raconter ce que je vivais les impressionnait parce que déjà, mon budget était vraiment limité et de voir mes nombreuses photos sur les réseaux les faisait rêver. La seule chose dont je me plaignais vraiment était la chaleur extrême.

J’ai aussi fait des rencontres avec des Français pendant ce voyage, expatriés, voyageurs, mais c’était très occasionnel et lors de mes séjours en hôtels. Ça me faisait du bien de communiquer même cinq minutes avec eux et de comprendre comment ils vivaient les choses avec les Thaïlandais. J’avais quand même vu et compris beaucoup de choses dans ce pays.

Atterrissage douloureux mais salvateur

J’arrive à finir mon voyage et malgré ma fierté, le retour fait mal. Je tombe en dépression sévère, je demande de l’aide et je perds une grande partie de mes amis.

Je comprends alors que j’avais absorbé une culture qui n’était pas la mienne mais qui m’avait beaucoup touchée. Les conditions des femmes qui n’avaient pas eu les moyens pour une éducation et qui attendaient dans les bars le farang (étranger riche en thaïlandais) en laissant leurs enfants à la campagne chez les parents ou grands-parents, voir aussi une certaine misère sans se plaindre et prier devant bouddha pour un meilleur futur.

Voir les paysans travaillant sous un soleil de plomb avec des cagoules et manches longues pour ne pas bronzer car ça montre qu’ils sont pauvres et qu’ils travaillent dehors.

J’avais ressenti tout ça et j’avais porté une attention particulière avec ma solitude que j’avais apprivoisée sans vraiment le savoir car à mon retour et après une thérapie, j’avais compris qu’elle était bien plus bénéfique pour moi que ma vie avant ce voyage et que je souffrais du syndrome du voyageur.

J’avais vu de belles choses mais j’étais plus atteinte par des réalités qui étaient pour le coup très perturbantes pour moi et ma super sensibilité. Eh oui c’est grâce à cette thérapie que j’ai appris que j’étais atteinte de ce syndrome. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre et d’accepter que ma vie n’était pas celle des autres pour moins souffrir. Pour mes 58 ans et avec une plus grande sagesse, je suis enfin prête à repartir seule afin de me prouver que ma solitude est ma meilleure amie et je vais pouvoir voyager avec un autre état d’esprit.

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