Yaël Braun-Pivet assume son refus d’une minute de silence à l’Assemblée pour les morts en Méditerranée

Le 20 juin dernier, la présidente de l’Assemblée nationale a refusé qu’une minute de silence soit observée dans l’hémicycle en hommage aux centaines de victimes d’un naufrage au large de la Grèce.

« Une minute de silence ne s’instrumentalise pas. » La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, critiquée ces derniers jours pour avoir refusé dans l’hémicycle une minute de silence spontanée en hommage aux victimes d’un naufrage au large de la Grèce, assume et tacle ceux qui, selon elle « instrumentalisent » ces drames à des fins politiques.

« Évidemment une minute de silence pour ces naufragés s’impose, et évidemment que nous avons tous été frappés d’effroi quand nous avons vu ce drame. Mais une minute de silence ne s’instrumentalise pas », a martelé la députée des Yvelines ce dimanche 25 juin sur France 3.

Le 20 juin dernier, une semaine après la mort d’au moins 78 personnes, elle avait refusé un hommage réclamé par le député Aymeric Caron, membre du groupe LFI, au motif que l’élu n’avait pas respecté les usages.

« Une minute de silence est un moment très important. Ça ne doit en aucun cas servir pour faire le buzz, encore moins sur un tel drame (...) On ne lance pas des minutes de silence à la volée. L’Assemblée n’est pas une zone de non-droit », avait-elle déjà justifié la veille dans une interview au Parisien. Peu convaincu, Aymeric Caron a jugé « ignoble » cette ligne de défense.

La minute de silence d’Annecy « instrumentalisée » ?

Sur le plateau de Dimanche en Politique, Yaël Braun-Pivet a donc poursuivi son argumentaire et détaillé le processus d’usage pour réclamer un moment solennel. « Nous avons le matin, à 10 heures, une réunion qui s’appelle la conférence des présidents. (...) À plusieurs reprises pendant la mandature, pendant cette conférence, quelqu’un dit ’Il s’est passé un drame, madame la présidente que pensez-vous d’organiser une minute de silence pour les victimes. Nous en discutons », précise Yaël Braun-Pivet. L’information est ensuite transmise aux membres du gouvernement présents dans l’hémicycle ce jour-là.

Autant de conditions qui n’étaient pas réunies le 20 juin dernier selon elle. Les ministres - y compris la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne - « se sont levés dans le brouhaha. L’hémicycle n’était pas plein et nous n’avions pas un texte solennel pour saluer la mémoire des victimes », relate encore la présidente de l’Assemblée.

Cette justification se heurte cependant à - au moins - un précédent récent. Le 8 juin dernier, l’Assemblée nationale a spontanément observé une minute de silence en apprenant l’attaque au couteau d’Annecy. Ce jour-là, en plein débat sur la proposition de loi Liot pour amender la réforme des retraites, Yaël Braun-Pivet avait été interpellée par la cheffe de file des insoumis Mathilde Panot. À la faveur d’un rappel au règlement, cette dernière avait réclamé qu’un hommage soit rendu aux victimes, avant que la présidente de l’Assemblée ne reprenne la main sur cet instant de recueillement.

Ce dimanche, la dirigeante macroniste a néanmoins estimé que l’intervention de la députée LFI relevait aussi de l’instrumentalisation « puisque madame Panot a commencé cette minute de silence en brandissant son règlement. Il lui suffisait de m’envoyer un petit mot ’Madame la présidente, que penseriez-vous de…’ », observe-t-elle.

« Je suis dans une Assemblée dans laquelle je veux que les règles soient respectées. Je veux surtout qu’on n’instrumentalise pas ces hommages. Ce sont les moments les plus poignants », ajoute-t-elle. Elle assure cependant ne pas avoir donné « quitus » aux élus du Rassemblement national, les seuls à ne pas s’être spontanément levés en hommage aux disparus en mer. « Cela n’a rien à voir. L’Assemblée nationale que je préside a des règles, des usages et j’entends que tout le monde les respecte dans l’intérêt de tous », assène-t-elle.

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