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Jeux Olympiques Tokyo 2021 : Lin Shih-Chia, naissance d’une athlète olympique

Lin Shih-Chia, médaillée de bronze par équipe en tir à l’arc aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, vient de Hsinchu, à Taïwan. Elle pratique cette discipline depuis son enfance, avec le soutien silencieux de ses parents, qui ont suivi son éblouissant parcours d’archère.

"L’entraîneur Ni l’a recrutée pour pratiquer le tir à l’arc à l’école primaire. Je n’étais pas pour, au début, parce qu’elle partait de zéro. Elle ne connaissait rien au tir à l’arc, et nous non plus. Elle jouait sans cesse avec des élastiques, mais on n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait à cette époque." Le père de Lin Shih-Chia, Lin Wen-Chin, admet qu’il ne considérait pas le tir à l’arc comme un sport au début, jusqu’à ce que sa fille, peu à peu, remporte des récompenses et gagne des compétitions à l’étranger.

Ses parents l'ont toujours soutenue discrètement. "Finalement, c’était son choix. On devait donc la soutenir", glisse Lin Wen-Chin, qui gagnait sa vie grâce à la pêche, mais s’est reconverti en charpentier à cause de travaux dans sa région. Née en 1993, Lin Shih-Chia a étudié au collège et lycée de Hsinchu Fuli. Pour des raisons géographiques, le vent est extrêmement fort à Hsinchu, dont le nom signifie "ville venteuse", ce qui a créé un terrain d’entraînement naturel excellent pour l'apprentie championne.

Une pionnière

"Avec mon père, nous nous sommes souvent disputés à cause de mes résultats aux examens, témoigne la jeune femme, aujourd'hui âgée de 28 ans. Il voulait que j’abandonne l’équipe de tir à l’arc, mais j’ai persévéré et lui ai dit que je voulais tout donner pour réussir dans ce domaine. Il y a eu des hauts et des bas dans ce périple, mais je me disais toujours que si je continuais, j’y trouverais mon bonheur." La persévérance de Lin Shih-Chia a touché ses proches, et le professionnalisme et l’engagement de son entraîneur Ni Ta-Chih ont participé à rassurer la famille de Shih-Chia.

En compagnie de Tan Ya-Ting et Yu Wen-Yi, Lin Shih-Chia remporta la médaille d'or par équipes lors de la compétition nationale des lycées. En 2015, elle représenta Taipei à l’Universiade qui se tenait à Gwangju, avec Tan Ya-Ting et Hsiung Mei-Chien dans l’équipe féminine de tir à l’arc. Pour la première fois de l’histoire de Taïwan dans cette discipline, cette équipe réussit à vaincre les championnes du monde, la Corée du Sud, et à remporter la médaille d’or. La même année, elle décrocha aussi la médaille d’argent en individuel aux Championnats du monde de tir à l’arc de Copenhague. Elle fut la première à réaliser une telle performance pour Taïwan, avant les Championnats du monde de Bois-le-Duc en 2019, où Lei Chien-Ying remporta la médaille d’or.

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Les JO, un rêve réalisé

"Si j’étais nerveuse pour les Jeux Olympiques ? Un petit peu, oui. Ce sport demande beaucoup de concentration. En arrivant sur le terrain, je n’ai vu que la ligne de tir, et mon entraîneur était là pour me guider. J’ai aussi participé à plusieurs compétitions internationales. J’étais donc assez préparée à ce qui m’attendait." Lin Shih-Chia se souvient ne pas avoir été tant stressée par les Jeux de Rio en 2016. Pour la simple raison qu’elle se mesurait à quelques-unes des meilleures tireuses pour la première fois. Au lieu de sombrer, elle releva ainsi le défi en se disant que ce n’était "qu’une compétition parmi d’autres". Finalement, elle remporte la médaille de bronze avec ses coéquipières Lei Chien-Ying et Tan Ya-Ting.

Lors des Jeux olympiques de Rio, Lin Wen-Chin, à l’autre bout du monde, est resté éveillé pour soutenir sa fille. "De toute façon, tu as déjà atteint le summum de la compétition, songeait-il alors. Finir sur le podium n’est pas une priorité." Il était calme. "Lorsque j’ai regardé les Jeux, j’étais serein, se souvient-il. Je n’étais pas nerveux du tout. Nous étions déjà ravis qu’elle aille aussi loin."

Un soutien discret, mais infaillible

Lin Shih-Chia sait que même si ses proches n’ont pas toujours été très expressifs, ils étaient d’un soutien inconditionnel. Le dîner pour fêter son retour à Taïwan fut le premier événement lié au tir à l’arc auquel ses parents ont assisté. "Le mot 'silence' a beaucoup de sens, explique l'archère. C’est difficile d’expliquer vraiment sa force. Mon père peut être dur, par exemple, mais il a bon cœur. Il ne rejette pas une opinion, et si quelqu’un a vraiment besoin d’aide, il sera là pour tendre la main. Mes parents ne recherchent aucunement le feu des projecteurs ou la reconnaissance. Ils n’interviennent pas et gardent ça pour eux."

Au terme de son parcours initiatique, Lin Shih-Chia a ouvert les yeux et compris le point de vue que ses parents avaient par le passé. Elle encourage cependant les jeunes à poursuivre leurs rêves : "Essayez et n’ayez aucun regret, car c’est votre passion et la voie que vous avez choisie. Alors battez-vous avec courage !"

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