L'occasion en or de Verratti

Il est des moments-clefs où l’Histoire nous ouvre furtivement ses pages pour y écrire notre chapitre personnel. Hier après-midi, lors d’une promenade champêtre contre Bastia (5-0), venu se battre pour sa survie en Ligue 1, le PSG a manqué ce rendez-vous.

Verratti, malin ou vilain ?
Verratti, malin ou vilain ?

Retour sur les faits. A la 35e minute, alors que le gardien corse, Jean-Louis Leca, s’enquiert de la santé de Blaise Matuidi allongé dans la surface de réparation, Thomas Meunier effectue une touche pour Marco Verratti. Malgré la situation qui méritait un arrêt de jeu, l’Italien frappe au but, hors de la surface de réparation, et inscrit le deuxième but du PSG (2-0). Malgré les protestations légitimes des Bastiais, l’arbitre, M. Letexier, valide ce but aussi absurde que honteux.

Cette chronique pourrait se complaire dans une leçon de morale qui n’apporterait rien à l’affaire. Vice, malice ou opportunisme, on s’en moque. Il est dommage que Marco Verratti et son club aient manqué une occasion en or de rendre justice aux Corses. Imaginons. Au retour des vestiaires, les Parisiens laissent le ballon aux Corses qui viennent, sans aucune intervention marquer dans le but vide, sous les vivats des spectateurs du Parc des Princes. L’image aurait fait le tour du monde.

Le PSG aurait toujours mené au score (2-1) et aurait marqué les esprits en France mais aussi en Europe. De plus, qu’avaient-ils vraiment à perdre ? Pas grand-chose. Bastia se montrait si inoffensif que la victoire ne faisait aucun doute. Le titre de champion de France n’aurait pas été perdu en cette circonstance…

Il est inutile de reprocher à Thomas Meunier d’avoir effectué la touche. Il est vain de hurler sur Marco Verratti. L’arbitre a exigé de jouer. Il n’a pas voulu siffler la position de hors-jeu de l’Allemand Julian Draxler, voire du pauvre Blaise Matuidi toujours au sol. Non, il est dommage qu’Unai Emery n’ait pas eu l’idée qu’avait eue Arsène Wenger en 1999 face à Sheffield United en huitièmes de finale de la Cup. Dans une situation similaire, Arsenal s’était qualifié (2-1) mais le manager français avait demandé à rejouer le match.

Ces petits gestes comptent souvent aussi fort qu’un trophée. Ils entretiennent la légende et rendent fiers les supporters du club concerné. Il est dommage que Thiago Silva se soit précipité pour embrasser le petit Italien plutôt que d’aller s’excuser auprès du gardien corse. Mais il est surtout dommageable que la direction technique du PSG (mais qui l’incarne-t-elle ?) ne soit pas intervenue à la pause pour exiger un geste de fair-play pour effacer ce but fâcheux.

On se souvient du dérapage de Serge Aurier, qui avait insulté ses coéquipiers et Laurent Blanc sur Periscope, la saison dernière. Là aussi, le PSG avait gâché une parfaite occasion de montrer la force de son institution. En le virant sur-le-champ, le PSG aurait, là encore, renforcé son image, montrant qu’il se moquait bien de la valeur marchande du joueur. La puissance financière et les trophées ne suffisent pas à écrire la grandeur d’un club. Il ne faut jamais oublier ces petits riens qui apportent ce supplément d’âme.