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Angèle "plus en phase avec le polyamour", la chanteuse se confie sur sa sexualité et ses paradoxes

Angèle
Angèle "plus en phase avec le polyamour", la chanteuse se confie sur sa sexualité et ses paradoxes (Photo by Valery HACHE / AFP) (Photo by VALERY HACHE/AFP via Getty Images)

En couverture du dernier numéro de Vogue, la chanteuse Angèle s'est prêtée au jeu de l'interview. L'occasion pour elle d'évoquer l'avenir et le temps qui passe sans détour. L'artiste a assumé ses faiblesses, ses craintes à l'idée de vieillir et son incertitude quant à la possibilité de fonder une famille.

La carrière à succès d'Angèle a inspiré de nombreuses femmes, si bien que la pétillante chanteuse belge, aux titres pop engagés, est devenue un véritable modèle. Et comme pour toutes les idoles, qui subissent l'attention médiatique et populaire, et sont scrutées sans arrêt, la question du temps qui passe devient importante dans sa vie personnelle et professionnelle. Dans une interview pour Vogue, publiée le 31 janvier, Angèle a donné sa vision de l'avenir.

L'artiste a exprimé quelques craintes quant à l'idée d'avoir des enfants. "Pour l'avoir vécu à petite échelle dans ma famille, je sais que ce n’est pas facile de se construire avec des parents connus", a expliqué la fille du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, qui n'est pas certaine de vouloir imposer sa notoriété à sa progéniture. Pour Angèle, la maternité n'est donc pas à l'ordre du jour : "Quand je vois mes amis plus âgés qui sont parents, ça m’angoisse assez. Disons que je ferai le point dans cinq ans. Mais déjà, avant d’entreprendre la création d’un être humain, je voudrais arriver au bout d’une bonne thérapie pour me connaître à fond, et être sûre de ne pas reproduire inconsciemment des mécanismes sur mes – éventuels – gosses."

"Ça me terrifie de vieillir"

Le temps qui passe marque aussi les corps. Et Angèle n'échappe pas aux injonctions qui pèsent encore beaucoup trop sur les épaules des femmes : rester jeunes et belles, comme si le temps n'avait pas de prise sur elles. Un idéal avec laquelle la chanteuse body-positive n'est pas très à l'aise : "Ça me terrifie de vieillir. C’est nul et narcissique de dire ça…" a-t-elle reconnu. Mais la belge assume ses paradoxes : "Je le dis parce que je ne pense ne pas être la seule à ressentir cette angoisse." Et c'est en effet loin d'être un cas isolé : en mars 2019, une enquête Ipsos a établi que 78% des Français avaient peur de vieillir.

Angèle prône la bienveillance et la tolérance, mais lorsqu'elle se retrouve seule face à son miroir, elle est humaine, tout simplement. "Je sais qu’un jour, j’aurai 40 ans. Et même 50, 60. Je me projette, j’élabore tout ça", a expliqué celle qui n'exclut pas le recours à la chirurgie esthétique : "J’ai des amis qui en font, je n’ai aucun problème avec ça, et en effet, je suis persuadée qu’un jour j’y passerai – mais je trouve ça quand même terrible, cette sorte de passage obligé. Et injuste que cette question concerne uniquement les femmes."

La jeune femme est devenue une icône de beauté, elle en est consciente : "Je sais que je n’aurais pas eu la même carrière si j’avais chanté avec une cagoule", a-t-elle déclaré. Mais elle a aussi été propulsée malgré elle au rang de représentante de la cause LGBT après que Cyril Hanouna a révélé sa bisexualité dans l'émission "Touche pas à mon poste". Un épisode qui a particulièrement marqué la chanteuse. "Hanouna m’a outée. Il a été la première personne à dire en direct que j’étais avec une femme", a-t-elle raconté dans le documentaire Netflix qui lui est consacré. "Mon coming out m’a été volé. J’ai réalisé assez tard que j’étais bi et c’était compliqué. J’aurais préféré choisir le moment", avait-elle ajouté.

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La bisexualité "reste un sujet"

Aujourd'hui, Angèle estime avoir encore des difficultés à assumer entièrement qui elle est : dans sa vie d'artiste, elle affirme que la honte à ce sujet a intégralement disparu, mais, honnête, elle avoue que ce n'est pas encore le cas "à 100%" dans son quotidien. Dans Vogue, la jeune femme blâme la société : "Il n’y a rien à faire : tu marches dans la rue, à l’aéroport, tu regardes les publicités… quand on te montre un couple, c’est toujours un couple hétéro, et si c’est un couple gay, c’est le sujet", s'est-elle désolée. "Au départ, l’attirance pour les filles, c’est un truc que je réprimais, bien sûr. Mais étant bi, ça m’arrangeait d’être aussi attirée par les mecs – car j’aime vraiment les garçons, autant que les filles. Ça faisait que c’était plus simple de le dissimuler, enfin de me le dissimuler.", a-t-elle détaillé.

Mais lorsqu'elle est tombée amoureuse d'une femme, l'artiste ne pouvait plus faire semblant d'ignorer son attirance : "Quand j’ai éprouvé des sentiments pour une fille, au point de vivre une relation, je n’ai plus pu considérer les filles comme une parenthèse. Je me disais à l’intérieur : "Angèle, toute ta vie t’as essayé de garder cette porte close, maintenant qu’elle est ouverte, on y est"."

Pour la chanteuse, la sexualité et l'amour restent des sujets "profondément intimes". Mais, toujours consciente de son image de rôle model, elle parle au plus grand nombre et par ses déclarations, leur envoie des messages de soutien : "Je suis issue d’une famille d’artistes, j’ai eu plein d’amis gays, j’ai grandi à Bruxelles, qui est une ville ouverte d’esprit, et pourtant ça (la bisexualité, ndlr) reste un sujet. Donc je pense souvent à ce que ça peut être pour quelqu’un d’un autre milieu, d’un autre pays…"

"Balance ton quoi" : "intégrer un cliché homophobe, c'était mon but"

Davantage consciente de l'impact qu'elle peut avoir, la chanteuse doit composer avec l'image qu'elle renvoie. Aujourd'hui, elle estime qu'elle n'écrirait plus cette phrase qui a fait polémique dans son tube, "Balance ton quoi", "Laisse-moi te chanter d’aller te faire en…". Le détournement de cette insulte homophobe n'avait pas été compris par tous, et la chanson avait même créé une polémique, en 2019, lorsque des ultras français l'avaient récupérée dans les stades.

"C’était mon but, d’intégrer un cliché homophobe ! Car je m’adressais à un misogyne – qui dans ma définition, est forcément homophobe. Parce que qui se fait enc*ler ? Les homosexuels et les femmes. Donc qu’est-ce qu’on fait ? Comme avec le mot queer, on retourne contre lui l’insulte la plus homophobe", s'est défendue l'autrice de "Balance ton quoi". "Aujourd’hui, je n’écrirais plus ça. À l’époque, c’était insouciant, je n’avais pas la notoriété pour me poser ces questions", s'est justifiée Angèle.

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Angèle évolue, Angèle apprend et se construit. Les questions sur sa vie de couple, elle ne veut plus y répondre. D'autant plus que sa vision de l'amour semble avoir changé : "À ce moment-ci de ma vie, je ne le perçois plus comme un lien essentiellement exclusif. Je suis plus en phase avec l’idée du polyamour, donc ce serait rentrer dans des détails trop intimes de commencer à expliquer ce que je vis."

La chanteuse, de par ses prises de position, a réussi à réunir une communauté qui lui ressemble et grandit avec elle. Si sa vie change, l'amour et le soutien indéfectible de ses fans, eux, sont bien partis pour durer.

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