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Anti-écologie, le sort de la planète les laisse froids

L'écologie, ils n'en ont pas grand chose à faire. Qu'ils la trouvent vaine, “hypocrite”, ou tout simplement pas digne d'intérêt, les éco-résistants que nous avons interrogés osent exprimer leurs convictions impopulaires...

Crédit Getty images
Crédit Getty images

Mickael, 27 ans, ne trie pas ses déchets. Pas en raison d'un manque de temps ni d'espace dans son appartement, mais juste parce qu'il n'en voit pas vraiment l'utilité. L'écologie et les petits gestes du quotidien associés, ce n'est pas son vraiment son “truc”, voire pas du tout. ”Je ne ressens pas le besoin de me renseigner à ce sujet, de regarder des vidéos ou des documentaires”, affirme le jeune issu d'une école de commerce.

Et il est loin d'être seul dans ce cas. Selon un rapport gouvernemental publié en 2017, 23% des Français se désintéressent des problématiques liées à l’environnement. Ces dernières ne figurent même pas dans le trio de tête de leurs préoccupations, qui sont le terrorisme, la précarité de l'emploi et la santé.

La fonte des glaces ? Je pense qu'on en rajoute

Sans surprise, Mickael n'a en réalité adopté aucun véritable éco-geste. ”L'avenir de la planète ne me fait pas peur, alors je ne compte pas arrêter de manger de la viande, d'acheter des baskets de marque, ni de rouler dans une belle voiture parce qu'elle est polluante”. A l'heure où beaucoup tâchent de s'en passer, celui qui travaille régulièrement sur les marchés avoue aussi fréquemment distribuer des sacs plastiques à ses clients. Sa ”transition” écologique, il estime en réalité l'avoir déjà opérée il y a quelques années : ”avant, je jetais tout à terre, des canettes, des papiers etc. Maintenant quand je jette par réflexe, je fais parfois demi-tour pour ramasser”. Et il n'envisage pas de faire le moindre effort supplémentaire.

Pire, il est agacé par ceux qui, à ses yeux, en font trop pour être réellement sincères. ”Les 'bobos' (sic) parlent toute la journée d'écologie, d'empreinte carbone et boivent dans des pailles en carton, mais c'est uniquement pour le style”. Sans parler des hommes et des femmes politiques qui selon lui ne brandissent l'argument environnemental que pour séduire les électeurs.

La vraie raison de ce je-m'en-foutisme apparent ? Une certaine forme de climato-scepticisme : ”Je ne pense pas du tout que les catastrophes annoncées, comme la fonte des glaces ou les marées de plastique, soient si graves que cela, je pense qu'on en rajoute”. Un quart des Français vont même plus loin que lui : selon un sondage Opinion Way réalisé pour l'entreprise PrimesEnergie.fr début 2019, ils seraient 23% à ne pas croire au réchauffement climatique. 36 % chez les 18-24 ans et 28 % des 25-34 ans. Chez ces derniers, 12 % estiment même ne pas avoir besoin de préserver l’environnement.

“On veut nous pousser à l’achat”

Alphonse 31 ans, ne réfute pas l'existence du réchauffement climatique. Mais il voit dans le ”martelage médiatique” à ce sujet une forme de manipulation : ”Il y a derrière tout cela une volonté de nous pousser à l'achat”. Comme pour les vignettes anti-pollution, qui selon ses croyances “incitent à investir dans une voiture neuve pour continuer à pouvoir circuler lors des pics de pollution ou dans les zones de circulation restreinte”. Persuadé d'être entourloupé, le trentenaire nourrit plus généralement une grande méfiance à l'égard de tous les réflexes écolo nécessitant de mettre la main au porte-monnaie. Ajouter quelques cents pour acheter des légumes bio, jamais on ne l'y prendra ! Mais il avoue finalement ne pas se sentir non plus le devoir d'adopter de nouveaux réflexes écolos non coûteux.

Samy, lui, pourrait donner l'impression vu de l'extérieur d’être sensible à la préservation de l'environnement. A 38 ans, ce Parisien ne se déplace quasiment plus qu'à vélo, ou tâche lorsqu'il utilise son véhicule, de rouler de façon écologique : il adopte une conduite souple et n’hésite jamais à embarquer des co-voitureurs. Chez lui, toutes les ampoules sont à économie d'énergie, il fait pousser des tomates et de nombreux meubles, comme sa table basse, sont de seconde main.

Je fais des gestes écolo, mais pour des raisons financières

Mais s'il a mis tout cela en place, ce n'est pas par conviction écologique. Samy se définit plutôt comme un ”écolomiste” : ”Cela signifie que j'agis de façon écologique pour des raisons financières !”, explique-t-il.

S'il se dit tout de même ”touché” par la hausse des températures, qui rendra l'accès aux ressources plus difficile, le Parisien pense que le combat écologiste est vain. ”L'humanité est amenée à disparaître un jour malgré les efforts positifs. Etre écolo, c'est être suffisamment prétentieux pour imaginer que nos actes ont une quelconque importance dans cet univers”.

Rappelons que selon le sondage 2019 OpinionWay, 48% pensent des Français pensent comme lui qu’il est trop tard pour inverser la courbe du réchauffement climatique...