Ces femmes qui ne font pas d'enfants par conviction écologique

Ne pas enfanter pour limiter son empreinte carbone ? L’idée semble farfelue, mais traverse pourtant l’esprit de plus en plus de personnes. Les femmes qui ont témoigné ont même carrément sauté le pas.

Crédit Getty
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Mélanie n’a jamais voulu d’enfants. A l’inverse de la plupart de ses copines, elle n’a jamais ressenti le désir d’être mère. Elle tient à “vivre pour elle, consacrer du temps aux activités qu'[elle] aime, et se sentir libre de voyager”. Dans sa quête d’une vie en harmonie avec ses valeurs profondes, la jeune femme s’intéresse depuis quelques années à l’écologie. “J’ai découvert par hasard que la façon la plus efficace de préserver la planète est de ne pas faire d’enfant”, raconte l’Auvergnate. En effet, une étude suédoise publiée en 2017 dans la revue Environmental Research Letters déclare que faire moins d’enfants est de loin la mesure la plus efficace pour combattre le réchauffement climatique. Confortée dans son choix, Mélanie n’hésite pas à se servir de cet argument comme bouclier. “J’ai toujours été perçue comme égoïste, quand on ne me disait pas carrément que j’avais des blocages psychologiques ! Alors aujourd’hui, je réponds que ma non- maternité est un acte citoyen et écolo militant. En général, ça en bouche un coin”.

“Nous détruisons notre maison, il me paraît aberrant d’y faire entrer un enfant”

Si pour certaines femmes sans désir d’enfant, la raison écolo sert surtout à mieux faire “passer la pilule”, il s’agit pour d’autres de l’argument déterminant. C’est le cas d’Alice, une trentenaire qui préfère faire passer ses convictions humanistes, avant ses envies de maternité : “Je ne veux pas être responsable de donner la vie à un être vivant sachant que je ne suis pas certaine de son potentiel d’épanouissement. L’environnement dans lequel grandiront les enfants de demain est en train d’être détruit à cause de notre génération et des générations passées. Nous détruisons notre maison, il me paraît alors aberrant d’y faire entrer un nouvel enfant”.

Vouloir épargner à son éventuelle progéniture les désastres du réchauffement climatique n’a rien de farfelu. Mais la démarche de la jeune femme va bien plus loin. Celle qui a toujours voulu avoir des enfants se prive de maternité aussi pour éviter de polluer davantage : “Les gens ne sont pas prêts à remettre en question leur mode de vie. Ils déplorent tous l’état de notre planète et accusent les multinationales ou les gouvernements mais ils ne balayent pas devant leur porte. Ils continuent à manger de la viande, à prendre l’avion à outrance, à faire des enfants sans questionner l’impact que leur vie a sur notre planète”, regrette celle qui souhaite faire sa part.

Enfanter, plus seulement un choix personnel ?

En cela, ses convictions se rapprochent de celles des GINKS (Green Inclination No Kids – “engagement vert, pas d’enfant”), mouvement dont l’un des slogans est “Faites l’amour, mais pas de bébé. C’est mauvais pour la planète !”. Sa fondatrice, l’américaine Lisa Hymas, elle-même sans enfant, estime faire “partie du problème de la surpopulation” et donc devoir “faire partie de la solution”, comme elle l’a déclaré au site theguardian.com. Editorialiste au Huffington Post et co-fondatrice de grist.org, elle va même jusqu’à dire que la décision de faire un enfant “doit prendre en compte l’intérêt de tous”.

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Selon elle, sa condition d’Américaine au bon niveau de vie ne lui donne aucune excuse, et serait même une circonstance aggravante. “Des gens bien intentionnés m’ont dit que j’étais ‘le genre de personne qui devrait avoir des enfants’. Au contraire”, explique-t-elle. “L’impact de l’humanité sur l’environnement n’est pas uniquement déterminé par le nombre de personnes qui nous entourent, mais aussi par la quantité de matériel que nous utilisons et la place qu’il occupe. Et en tant qu’Américain financièrement confortable, j’utilise beaucoup de matériel et prend beaucoup de place”. Renvoyer la balle aux pays où les taux de natalité sont les plus élevés est donc une aberration. Une étude de l’université de l’Oregon datant de 2012 a ainsi montré qu’un bébé né aux Etats-Unis est responsable de l’émission de 1 644 tonnes de CO2. Soit 5 fois plus qu’un bébé venant au monde en Chine et 91 fois plus qu’un enfant né au Bangladesh. De quoi contrarier ceux qui pensent que les occidentaux n’ont pas à se sentir concernés par ce “sacrifice”.

Si elle le vit en partie comme tel, Alice a déjà songé à une alternative au cas où son besoin de materner se ferait criant. “Il y a toujours la possibilité d’adopter un enfant qui est déjà là si jamais je change d’avis dans 10 ou 20 ans”…