Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "J'ai fait une chirurgie bariatrique pour faire plaisir à mon conjoint et il me reproche d'être devenue chiante"

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Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Depuis ma chirurgie bariatrique qu'il m'a conseillée, mon mec me reproche de ne plus rien pouvoir faire". © Getty Images

Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.

Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com.

Souvent recommandée aux personnes en situation d'obésité, la chirurgie bariatrique est de plus en plus pratiquée. Le nombre d'opérations a été multiplié par 20 entre 1997 et 2016, selon les chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention. Plusieurs options sont possibles : l'anneau gastrique, pour réduire le diamètre de l'estomac, la sleeve, qui consiste à retirer une grande partie de l'estomac, et enfin la plus fréquente, le bypass consistant à réduire l’estomac et à court-circuiter une partie de l’intestin.

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Une opération suggérée par son compagnon

L'idée de se faire opérer n'est pas née toute seule dans l'esprit de Lucie, 36 ans, qui a eu droit à un bypass gastrique fin 2021. "À l'origine, je devais me faire opérer en 2020, mais ça a été repoussé à cause du Covid-19 et de mes comorbidités liées à mon poids", explique la jeune femme, qui a été convaincue par son compagnon. "Je fréquente Ludovic depuis sept ans, et c'est vrai que depuis notre rencontre, j'ai dû prendre 30 kilos, notamment avec le poids de mes grossesses que je n'ai pas perdu. Après la naissance de notre deuxième enfant, il m'a reproché d'être moins attirante, m'a encouragée à faire un régime, mais le résultat n'a pas été probant."

Résultat : son compagnon commence à évoquer les chirurgies bariatriques. "Au début, ça me faisait peur. Prendre le risque de me faire opérer alors que j'ai deux enfants me paraissait inconsidéré, mais il m'a affirmé que c'était la meilleure chose à faire pour ma santé, pour que je puisse être là pour eux. Et une phrase qui m'a fait particulièrement mal : 'Pour ne pas qu'ils aient honte de leur mère'." La jeune femme consulte alors son médecin traitant, qui, après une prise en charge nutritionnelle de 8 mois, sans succès, la réfère à un chirurgien. "Il n'a pas hésité avant de me dire oui. Il m'a vanté les mérites de ma nouvelle vie. Ça faisait rêver, donc je me suis lancée."

Un passage difficile sur la table d'opération

En décembre 2021, Lucie se fait opérer. "Les jours qui ont suivi l'opération ont été atroces", se souvient-elle. "J'avais mal, je ne pouvais pas bouger. M'occuper de mes enfants était difficile, heureusement que ma sœur était là pour m'aider. Puis, au bout de quelques semaines, j'ai commencé à fondre, à perdre du poids à toute vitesse. Je n'avais plus d'appétit, je picorais plus que je ne mangeais. Au début, c'était chouette, il y a une certaine euphorie qui accompagne le fait de perdre du poids rapidement. Mais ça a été tellement rapide que je ne me suis vite plus reconnue dans le miroir."

Pourtant, la mère de famille ne reçoit que des compliments. "On m'a dit que j'étais courageuse, que j'étais de plus en plus belle. Comme quoi, pour mon entourage, mon apparence physique passée était assimilée à de la laideur, et c'est pas facile à encaisser. Mon compagnon m'a beaucoup soutenue, il m'aidait à calculer les portions, à préparer les repas... Du moins, au début. Parce qu'un an plus tard, c'est une autre histoire. Il paraît même que je suis chiante !", s'indigne la trentenaire.

Une opération qui a des conséquences

En un peu moins de 18 mois, Justine a perdu 30 kilos. Elle rentre dans une taille 40, et ne compte pas perdre davantage de poids. Mais après une chirurgie bariatrique, impossible de retrouver une alimentation normale. "La capacité de mon estomac ne sera plus jamais la même. C'est une condamnation à vie : je dois faire plusieurs petits repas par jour, avec un certain nombre de nutriments. Je n'ai plus le droit aux boissons pétillantes. Fini la bière, le champagne, le soda ou même l'eau pétillante. Et ça, mon copain ne l'avait pas vraiment prévu."

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Depuis quelques mois, Lucie se retrouve en effet confrontée à un homme qui râle. "Il dit qu'il est content que je sois plus mince et en meilleure santé, mais il me reproche aussi de ne plus rien pouvoir faire. Et c'est vrai : compliqué d'aller au resto quand on ne peut pas manger grand-chose. Pareil, je ne peux plus boire d'alcool, et il me reproche de 'casser l'ambiance' en soirée parce que je suis sobre." Pire : alors que le couple prépare ses prochaines vacances en famille, Ludovic refuse qu'elle se mette en maillot de bain au bord de la mer. "Il estime que ça ne sera pas joli avec mon excédent de peau", regrette sa compagne, qui commence à se lasser de ses plaintes constantes. "Cette opération, je l'ai faite pour lui. C'est ma qualité de vie, mon alimentation, mon corps qui sont impactés. Lui ne fait que râler sur les conséquences somme toute très minimes que cela a sur lui. Je n'ai plus l'impression d'être soutenue, et surtout, je commence à me demander si je serai un jour assez bien pour lui. Ou si j'ai fait tout ça pour rien." Une prise de conscience difficile pour la jeune femme, qui a peur de regretter son opération.

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