Voici comment bichonner nos fascias, notre nouvel organe star

Il y a peu de temps encore, peu connaissaient l'existence des fascias, cette membrane enveloppant l'ensemble du corps un peu comme une toile d'araignée ou la fine peau qui entoure les quartiers d'orange. Aujourd'hui, son importance commence à être mise à jour. Et à croire les spécialistes, on aurait tous intérêt à en prendre soin pour optimiser sa santé, sa beauté et même sa capacité au bonheur.

Crédit Getty
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Les fascias représentent approximativement 20% de notre poids. Ces tissus blancs entourant toutes les structures du corps, - muscles, nerfs, os, organes, vaisseaux sanguins, cellules etc -, étaient pourtant jusqu'à peu méconnus. Mais depuis de récentes études scientifiques les mettant en lumière, leur popularité explose. Et pour cause, alors que pendant longtemps on ne leur a attribué qu'un rôle de maintien des différentes parties du corps, on leur prête aujourd'hui de nombreuses vertus, notamment dans la transmission d'informations. "Ce n'est pas qu'une enveloppe. Il conduit les informations de la globalité du corps vers la globalité", explique Marc Laloux, kinésithérapeute et fasciathérapeute formateur. En d'autres termes : ils savent tout et connectent tout. Une sorte de web de la superficie à la profondeur de notre organisme.

Cela ne les empêche pas d'être très sensibles. Alors lorsque les fascias sont victimes de "bug", c'est tout le corps qui en pâtit. Au fil du temps, des mauvaises postures, du manque d'activité physique et des épreuves de la vie, le réseau peut se rétracter et/ou se déshydrater par endroits. Et provoquer tout un tas de déséquilibres physiques et mentaux. Les maux de dos, troubles digestifs, la fibromyalgie, ainsi que les migraines, les acouphènes pourraient être en lien direct avec les fascias. Ces derniers ont aussi la réputation de conserver toute notre mémoire émotionnelle, tels un disque dur d'ordinateur : "À chaque événement difficile, comme l'être aimé qui part pour un long voyage lointain, il y a crispation des tissus", affirme à ce sujet Marc Laloux. Face à un danger réel ou imaginaire, ils resserrent leurs mailles pour nous protéger. Mais ce mécanisme finit parfois par nous enfermer mentalement et physiquement. Pour en sortir, il s'agit de libérer le mouvement, et il existe différentes méthodes pour y arriver.

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La fasciathérapie

Dans son cabinet, le fasciathérapeute, - le plus souvent un kinésithérapeute ou un ostéopathe formé au traitement des fascias selon la méthode Danis Bois -, demande au patient de s'allonger tout habillé. Et commence une série de touchers très doux, parfois à peine perceptibles. "On capte avec les mains le mouvement interne des fascias, dont la vitesse et la cadence sont normalement identiques chez tous les êtres humains", explique Marc Laloux. "Si le mouvement est libre, tout va bien. S'il est ralenti, c'est qu'il y a un début de pathologie. Il faut alors libérer la zone crispée en réactivant le mouvement". Pour fonctionner correctement, le "web de notre organisme" a en quelque sorte besoin d'un bon débit de connexion.

Eden* se souvient de sa première séance chez le fasciathérapeute : "C'était bizarre, car je sentais à peine les manipulations, mais à la fois, je me sentais très détendue et j'ai eu des sensations étranges : des fourmillements, des frissons, des envie de rire puis de pleurer, j'ai senti comme une libération". Le fasciathérapeute vient libérer la zone crispée, ce qui peut provoquer des "remontées d'émotions pendant la séance, et après aussi car le corps continue à travailler" indique le fasciathérapeute Marc Laloux.

Rien de systématique pour autant. Myriam, qui a testé la méthode il y a plusieurs années se souvient surtout d'un grand sentiment de bien être : "Je sortais du cabinet en ayant l'impression de flotter sur un nuage". Cette quadragénaire a eu la surprise de découvrir la cause d'un problème de santé qu'elle traînait depuis de longues années : "La fasciathérapeute me dit : "Oh, tu n'aurais pas des problèmes urinaires ?" Je faisais alors des cystites à répétition, je ne lui en avais rien dit. Elle fait ses petits gestes et me dit : "Tu as senti ? Ça a fait pop pop, ton rein dormait, il est reparti". Si elle n'a pas la prétention de guérir, la fasciathérapie permettrait de relancer le processus d’autorégulation du corps.

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Le Yin yoga

Mais puisqu'il vaut toujours mieux prévenir que guérir, certaines disciplines proposent de prendre soin de ses fascias, au quotidien ou presque. À l'image du Yin yoga, une pratique qui repose notamment sur les principes de la médecine chinoise traditionnelle, et plus spécifiquement sur les méridiens énergétiques. "Contrairement aux autres yogas (hatha, etc.) qui sont des pratiques plutôt dynamiques où l'on cherche la contraction, le Yin yoga travaille au contraire avec le relâchement musculaire", explique Friederike, professeure de Yin yoga à Paris, à l'origine de cours de yoga solidaires. Une façon d'atteindre et allonger nos fascias, qui sont rétrécis à cause de nos modes de vie.

Les postures de Yin yoga se réalisent généralement en position assise ou allongée : "On y entre très doucement et on les maintient au moins une minute trente. Quand on est dans une posture, on bloque nos canaux énergétiques et quand on en sort, on peut sentir la pulsion du sang dans notre corps ou des picotements car on remet de l'énergie".

Et là aussi, la libération physique s'accompagne souvent d'une libération émotionnelle, notamment lors des séances dédiées à l'ouverture des hanches ou de la zone du cœur : "Mais tout cela n'est ni positif, ni négatif. C'est juste de l'énergie qui doit se débloquer et circuler de nouveau. Ce sont des phénomènes éphémères".

Les automassages

Un matériel simple permet d'entretenir ses fascias, à la maison. Une balle de massage, de tennis ou encore un rouleau de massage peut stimuler la circulation sanguine et redonner de la souplesse aux tissus conjonctifs. Il suffit alors de placer la zone du corps que l'on souhaite travailler sur le rouleau ou la balle, puis d'effectuer des mouvements de va-et-vient.

Étant constitués d'eau et de de collagène, les fascias ont aussi un rôle à jouer dans notre beauté. À commencer par celle de notre visage ! À force de crispations, ceux-ci sont souvent victimes de perte d'élasticité. Des auto-massages légers effectués sur cette zone avec les doigts ou avec un rouleau de quartz ou de jade permettent de réveiller les fascias et stimuler la production de collagène. Conseil souvent prodigué par les professionnels : toujours effectuer les mouvements du bas vers le haut du visage.

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