Publicité

Semaine mondiale de l'allaitement maternel : "Ses seins sont devenus un garde-manger", regards d'hommes sur la poitrine de leur compagne

Crédit Getty
Crédit Getty

Ils ont été chamboulés, dans le bon sens comme parfois dans le mauvais, lorsque leur compagne a commencé à allaiter leur bébé. À l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement maternel 2020, du 1er au 7 août, ces papas ont accepté de nous parler de ce qu'ils ont tout à coup ressenti à la vue de cette poitrine devenue nourricière.

Ils osent à peine s'exprimer sur le sujet, silencieux face à ce qu'ils jugent plus urgent, beau et essentiel que leurs états d'âme. Pourtant, les papas vivent parfois de grandes perturbations lors de l'allaitement.

Jonathan se souvient ainsi avoir ressenti un petit choc à la maternité. Alors que son épouse tente avec beaucoup de difficultés de mettre en place l'allaitement, il se sent impuissant et peine à la rassurer. Mais ce n'est pas ce qui a été le plus dur à supporter : “Tout à coup, des sages femmes et autres membres du personnel sont venus lui donner des conseils en lui touchant tour à tour les seins, et en laissant la porte de sa chambre grande ouverte, alors qu'il y avait du passage”, se souvient celui qui avoue s'être alors senti “dépossédé”.

Le trentenaire, papa pour la première fois, comprend alors selon ses termes, qu'il “allait falloir partager [leur] intimité avec d'autres” : “J'ai réalisé en une fraction de seconde que la poitrine de ma femme avait changé d'utilité”.

Les seins de ma femme étaient devenus un lien physique et rassurant pour notre fille et plus tard notre fils. C’était beau.

“Un garde-manger”, voilà comment Nicolas Kalogeropoulos qualifie lui la nouvelle fonction des seins de sa partenaire lors de la venue au monde de leur premier enfant. Loin de vouloir les dénigrer avec cette expression, l'auteur du Guide de survie du futur papa, se souvient de l'admiration qu'il leur vouait. “Ils sont aussi devenus un lien physique et rassurant pour notre fille et plus tard notre fils. C'était beau !” nous a-t-il confié. Jérôme de son côté, s’est tout de suite senti “fier” de voir son épouse allaiter deux bébés en même temps”. En plus d’être attendri par “les sourires, les regards tendres et profonds” échangés dans ces moments-là.

Une double-fonction des seins pas facile à appréhender

Les conclusions de l’enquête Les pères et l'allaitement sous l'angle du rapport au corps abondent en ce sens. “La plupart des pères ont indiqué avoir vécu des émotions fortes face à ce corps qui n’est plus uniquement celui de l’amante, mais qui est aussi celui de la mère de leur enfant. Cette expérience est pour certains de l’ordre du sacré, du lien mystique avec la vie...”, décrivent les chercheurs français. Difficile dans ces conditions pour certains hommes de combiner cette vision avec la sexualité. Bien qu'ils soient conscients du double-rôle joué par les seins de leur partenaire, ils ne parviennent pas toujours à dissocier les fonctions érotiques et nourricières. “Mon mari associe plutôt mes seins à notre fille et donc plus à mon coté “maman” que femme. C'est comme s'il avait même parfois peur d'y toucher”, déplore une anonyme sur un forum de discussions sur le sujet.

Quand je vois mes enfants au sein, je ne vois pas le corps de mon épouse. Je vois mon enfant auprès de sa mère. Et quand nous sommes dans l'intimité, je retrouve le corps de la femme dont je reste éperdument amoureux.

Chez certains hommes que nous avons interrogés, cette réticence semble provenir d'une peur de mal faire, ou de faire mal. “C'est bête, mais j'avais peur que le lait coule fort si j'osais les effleurer, et que cela lui provoque des crevasses”, confie Jonathan. “Pendant le tout début de l’allaitement, je ne cherchais pas à toucher la poitrine de ma compagne car celle-ci était douloureuse”, raconte de son côté Nicolas. Bien que charmé par la “vision d’une belle poitrine gonflée”, le papa geek semble avoir alors fait passer sa libido au second plan, le moment n'étant “pas propice à l’érotisme”.

Le tabou de la modification de la poitrine

Jérôme, lui, n’a pas rencontré cette difficulté. Celui qui se dit “tout autant amoureux de la femme qui partage [s]on lit que de la mère de [s]es enfants”, a tout de suite fait la part des choses. “Quand je vois mes enfants au sein, je ne vois pas le corps de mon épouse. Je vois mon enfant auprès de sa mère. Et quand nous sommes dans l'intimité je retrouve le corps de la femme dont je reste éperdument amoureux”.

Partout le sein est utilisé pour vendre à peu près tout et n’importe quoi en mettant en avant pour cela son caractère érotique. Or, nous ne sommes quasiment jamais exposé au sein dans son rôle nourricier.

Est-ce parce qu'il a été habitué depuis toujours à voir des mères allaiter dans son entourage ? C'est ce que suggère l'hypothèse de la blogueuse Maman chamboule tout. Selon cette dernière, si beaucoup d'hommes sont déroutés face à la double fonction des seins, c'est à cause de la représentation de ces derniers dans la société. “Partout le sein est utilisé pour vendre à peu près tout et n’importe quoi en mettant en avant pour cela son caractère érotique. Or, nous ne sommes quasiment jamais exposés au sein dans son rôle nourricier”, détaille-t-elle. Autre grand tabou autour de la grossesse et de l'allaitement : l'aspect des seins qui peut être modifié. Si beaucoup de femmes partagent leur désarroi face à ce bouleversement, peu d'hommes osent le souligner même sur les forums de discussions.

Ceux que nous avons interrogés ont tous reconnu que la poitrine de leur compagne avait changé. Sans jamais s'en plaindre. “J’ai trouvé ces changements absolument magnifiques”, explique même Nicolas. “C’est la conséquence d’un acte fort et altruiste de la mère envers son enfant […] Si elle voulait un jour faire une modification sur sa poitrine parce qu’elle ne se sentait pas à l’aise je l’accompagnerais sur cette démarche, mais jamais une telle demande n’émanerait de moi”.

A LIRE AUSSI

>> Semaine mondiale de l’allaitement maternel : "On m'a accusée d'être une mauvaise mère parce que je ne voulais pas allaiter"

>> Semaine mondiale de l’allaitement maternel : allaiter en reprenant le travail, la galère des working mums

>> Semaine mondiale de l'allaitement maternel : "Mes seins ont changé, et c'est parfois compliqué"